Auteur: Héribert-Label Élisée Adjovi
Le vice-Premier ministre chinois He Lifeng a achevé sa visite en Suisse, où il a rencontré le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent pour un nouveau cycle de discussions économiques et commerciales entre la Chine et les États-Unis. Le 12 mai, les deux parties ont publié une déclaration conjointe à Genève, marquant une avancée dans les efforts visant à stabiliser et à renforcer les relations économiques bilatérales. À l'issue des pourparlers, Héribert-Label Élisée Adjovi, spécialiste des questions internationales et sino-africaines, président du Caucus des Journalistes Africains pour la Communauté de Destin du Sud Global, et gouverneur du Magazine panafricain de Diplomatie et de Relations Internationales "Le Label Diplomatique" partage ses points de vue avec CGTN Français sur ce sujet. C'est une bonne nouvelle de savoir que la Chine et les États-Unis d'Amérique ont mené des discussions économiques et commerciales de haut niveau à Genève, les 10 et 11 mai 2025. Cela marque, sans nul doute, une avancée significative dans la détente des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. En termes de portée de ces discussions sur le commerce bilatéral et international, on peut noter la réduction des droits de douane et la mise en place d'un mécanisme de suivi du dialogue entre les deux pays ainsi que son impact sur l'économie mondiale.
Concrètement et en ce qui concerne la réduction des droits de douane bilatéraux, la Chine a réduit ses droits de douane sur les importations américaines de 125% à 10% et les États-Unis ont abaissé leurs tarifs sur les produits chinois de 145% à 30%. Ces mesures, qui entreront en vigueur le 14 mai 2025 pour une période initiale de 90 jours, constituent un signal positif ressenti dans le commerce international. D'autant plus que les deux pays ont bouclé leurs discussions par l'instauration d'un nouveau cadre de concertation pour poursuivre les négociations commerciales. Ce mécanisme sera dirigé par He Lifeng, vice-Premier ministre chinois, Scott Bessent, Secrétaire américain au Trésor et Jamieson Greer, représentant américain au Commerce. Les discussions pourront se tenir alternativement en Chine, aux États-Unis ou dans un pays tiers. De quoi faire réagir positivement les marchés financiers. Les prix du pétrole ont également augmenté, signe d'un regain de confiance des investisseurs.
De toute évidence, les discussions à Genève marquent une désescalade dans la guerre commerciale qui a perturbé les échanges bilatéraux depuis plusieurs années. Elles pourraient ouvrir la voie à un accord plus global, réduisant les tensions économiques et facilitant le commerce international. Elles montrent une volonté des deux pays de préserver la stabilité économique mondiale, malgré leurs différends. À mon humble avis, les discussions économiques et commerciales de haut niveau entre la Chine et les États-Unis à Genève ont des conséquences indirectes, mais significatives pour la coopération sino-africaine, notamment en raison du rôle central que jouent ces deux puissances dans le commercial international et les investissements en Afrique. Premièrement, ce climat d'apaisement est bénéfique pour l'Afrique dont de nombreuses économies sont dépendantes des exportations de matières premières. La baisse des droits de douane entre les deux pays pourrait réduire les perturbations sur les marchés africains, notamment pour les produits manufacturés chinois et les ressources exportées par l'Afrique. Deuxièmement, si l'environnement économique international devient plus prévisible, la Chine pourrait accélérer ses investissements en Afrique, notamment dans les infrastructures et l'industrie. Par voie de conséquence, les entreprises chinoises pourraient être encouragées à étendre leurs partenariats en Afrique, en bénéficiant d'une conjoncture plus favorable. Troisièmement, si la Chine doit réorienter ses échanges économiques, elle pourrait renforcer son commerce avec l'Afrique pour diversifier ses débouchés en cas d'éventuelles restrictions américaines futures. Dans le cadre du FOCAC (Forum sur la coopération Chine-Afrique ), la coopération entre les deux partenaires pourrait être élargie pour compenser les fluctuations du commerce sino-américain. Quatrièmement, la normalisation des relations sino-américaines pourrait inciter les États-Unis à renforcer leur propre présence économique en Afrique en compétition avec la Chine. Dès lors, l'Afrique pourrait bénéficier d'un intérêt de la part des deux puissances, stimulant les opportunités d'échanges et d'investissements. Ceci en droite ligne avec l'espoir, maintes fois exprimé par la Chine, d'une coopération internationale plus respectueuse de la souveraineté économique du continent noir.
En résumé, les négociations entre Beijing et Washington ont un impact indirect, mais réel et certain sur l'Afrique, en influençant les flux commerciaux, la stabilité des marchés et les investissements chinois voire américains.
L'impact des négociations de Genève entre Beijing et Washington sur la coopération et le rôle de la Chine dans la géopolitique internationale s'articule autour de la stabilité du commerce mondial et le renforcement du multilatéralisme (pour la coopération internationale) ainsi que le positionnement stratégique renforcé de la Chine et son influence accrue dans les institutions internationales (pour ce qui est de son rôle dans la géopolitique internationale). D'abord, la réduction des droits de douane entre la Chine et les États-Unis pourrait favoriser un climat économique plus prévisible, ce qui bénéficierait aux échanges internationaux. Ensuite, les marchés financiers ont réagi positivement, avec une hausse notable des indices boursiers en Chine, aux États-Unis et en Europe. Enfin, la mise en place d'un mécanisme de consultation entre les deux pays pourrait servir de modèle pour d'autres négociations commerciales internationales. Cette approche pourrait encourager une coopération plus équilibrée entre les grandes puissances et les pays émergents.
Parlant du rôle de la Chine dans la géopolitique internationale, il importe de souligner que la Chine a démontré sa capacité à négocier sur un pied d'égalité avec les États-Unis, consolidant son rôle de leader économique mondial. Elle pourrait utiliser ces avancées pour renforcer ses alliances avec d'autres régions, notamment l'Afrique et l'Amérique latine ainsi que l'Europe de l'Est. Ce qui constitue un positionnement stratégique renforcé pour la Chine sur la scène internationale. Qui plus est, elle pourrait capitaliser sur ces négociations pour promouvoir un modèle de gouvernance économique plus inclusif, notamment via des plateformes comme les BRICS et l'OMC. Son engagement dans la résolution des conflits commerciaux pourrait renforcer son image de médiateur sur la scène internationale. Mon intime conviction, c'est que ces négociations auront un impact certain sur le rééquilibrage des relations économiques mondiales, tout en consolidant la position de la Chine comme acteur clé du commerce international et de la diplomatie mondiale.