4ème édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique de Changsha : L’histoire sino-africaine racontée par les yeux !

« REGARD DES DEUX RIVES » est d’abord un dialogue intéressant sur de grandes questions internationales entre deux amis, deux éminents journalistes et une vision croisée de deux professionnels des médias, une Chinoise et un Africain (Béninois). Ma Jiaying est Journaliste et animatrice de l’émission « Rencontres » sur la chaîne internationale de la télévision publique chinoise CGTN. Héribert-Label Elisée Adjovi, quant à lui, est Journaliste-spécialiste de la géopolitique internationale et sino-africaine, Gouverneur du magazine panafricain de diplomatie et de relations internationales « Le Label Diplomatique » et président du Caucus des Journalistes Africains pour la Communauté de Destin du Sud Global. Ils se sont lancé ce nouveau défi comme une contribution à la communauté d’avenir partagé de l’humanité, à l’occasion de la 4ème édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique.

Bonjour Ma Jiaying ! Notre premier dialogue sur « REGARD DES DEUX RIVES » a reçu un écho favorable aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, nous allons aborder un événement qui relie la Chine et l’Afrique. La 4ème édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique se tiendra à Changsha du 12 au 15 juin 2025 sous le thème : « Chine et Afrique : ensemble vers la modernisation ». La présente édition intervient dans une conjoncture internationale encore marquée par la géopolitique de la hausse des tarifs douaniers américains. Prise sous cet angle, cette quatrième Exposition économique et commerciale sino-africaine ne prend-elle pas une autre importance et une nouvelle envergure ? Ma Jiaying : Merci Monsieur Adjovi, c’est un grand plaisir de travailler avec vous et m’adresser directement à nos lecteurs un peu partout, en Chine, en Afrique et dans le monde. Pour votre question, en effet, dans le contexte actuel complexe et changeant de l'environnement économique et commercial international, la tenue de la 4ème édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique revêt une signification qui dépasse celle d'une foire commerciale ordinaire. Premièrement, il s'agit d'une réponse commune de la Chine et de l'Afrique face à un environnement économique international incertain. Cette édition a pour thème « La Chine et l'Afrique : ensemble vers la modernisation », envoyant ainsi un signal fort d'unité dans la quête commune de développement. Comme je l'ai souligné dans mon précédent article, les processus de développement de la Chine et de l'Afrique ont été interrompus par la première vague de mondialisation marquée par l'agression coloniale, et aujourd'hui, elles font face à une nouvelle instabilité économique mondiale causée par les guerres tarifaires. Derrière ces conflits commerciaux se profile la montée du protectionnisme et de l'unilatéralisme. La Chine et l'Afrique y apportent une réponse claire : après s'être soutenues mutuellement dans leurs luttes pour l'indépendance nationale, elles affirment aujourd'hui leur soutien réciproque indéfectible face aux menaces pesant sur leur développement économique. Deuxièmement, cette brève manifestation dégage une énergie considérable. Selon les organisateurs de l'exposition, 199 projets de contrats, d'une valeur totale de 16,032 milliards de dollars, et 295 projets de coopération, représentant 4,873 milliards de dollars, sont actuellement en cours de négociation. Ces chiffres témoignent de la croissance régulière des échanges sino-africains. En 2024, le volume commercial entre la Chine et l’Afrique a atteint 295,6 milliards de dollars, établissant un record historique pour la quatrième année consécutive. La Chine demeure ainsi le premier partenaire commercial de l’Afrique depuis 16 années consécutives. Les importations chinoises en provenance de l’Afrique ont augmenté de 6,9 %, atteignant 116,8 milliards de dollars, tandis que les exportations vers l'Afrique ont progressé de 3,5 %, pour s’établir à 178,8 milliards de dollars. Troisièmement, cet événement constitue une opportunité pour la Chine et l'Afrique d'offrir des solutions au monde. Dans ce climat d'incertitude, je constate une sorte de « vide intellectuel ». Où trouver les nouvelles solutions globales ? Je crois que la valeur réelle de cette exposition réside dans l'élaboration d'un schéma institutionnel opérationnel pour un nouvel ordre mondial multipolaire.

Voilà pour mon analyse. Héribert-Label Élisée Adjovi, vous êtes spécialiste des questions internationales et sino-africaines et président du Caucus des Journalistes Africains pour la Communauté de Destin du Sud Global. Vu d'Afrique, quel sens donner à la 4ème édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique ?

Héribert-label Elisée Adjovi : De prime abord, j’aimerais faire remarquer, Madame Ma, que la 4ème édition de l'Exposition économique et commerciale Chine-Afrique démarre le jeudi 12 juin 2025, c’est-à-dire le dernier jour de Réunion ministérielle des coordinateurs du FOCAC - ouverte le mardi 10 juin -. Un mini-sommet qui réunit les ministres des Affaires étrangères et de l’Economie de la Chine et des 54 pays africains membres du FOCAC. En soi, cette exposition est la plus grande expression de l’amitié et de la coopération sino-africaine depuis le 9ème FOCAC, qui a eu lieu en septembre 2024 à Beijing. Un Forum au cours duquel la cooperation sino-africaine a été portée au niveau de partenariat stratégique. Ensuite, la quatrième Exposition économique et commerciale de Changsha vise à renforcer les échanges économiques et commerciaux entre les deux partenaires, en mettant l’accent sur des secteurs clés tels que les infrastructures, l’agriculture, les énergies propres, le textile, l’économie numérique et les technologies minières. Par ailleurs, avec plus de 2 800 entreprises et institutions financières inscrites ainsi que plus de 12 000 participants, cette édition promet d’être un véritable catalyseur de coopération. En plus des 20 forums économiques et commerciaux prévus, des dialogues entre entrepreneurs chinois et africains et des échanges sur l’innovation et l’entrepreneuriat des jeunes seront organisés. Enfin, cette exposition est une bonne occasion pour l’Afrique de marquer sa présence, notamment avec une diversité de produits, allant de l’ananas du Bénin, le cacao de Côte d’Ivoire, le savon noir du Ghana, les huiles essentielles du Congo, et le vin d’Afrique du Sud. Autant dire que la quatrième Exposition économique et commerciale de Changsha est une plateforme stratégique pour dynamiser les relations bilatérales et explorer de nouvelles opportunités d’investissements.

Lors de son discours au 9ème Forum sur la Coopération Sino-Africaine, tenu le 5 septembre 2024, le Président Xi Jinping a annoncé "Six objectifs de modernisation" que la Chine et l'Afrique s'engagent à poursuivre ensemble ainsi que "Dix Actions de partenariat" sur la modernisation au cours des trois prochaines années. À votre avis, en quoi la quatrième Exposition économique et commerciale sino-africaine de Changsha participe à cette dynamique ?

Ma Jiaying : Monsieur Adjovi, je suis impatiente de vous présenter cette édition exceptionnelle de l'exposition ! Elle s'articule autour de la mise en œuvre des « Dix partenariats d’action Chine-Afrique » et comprend 30 événements économiques et commerciaux couvrant un large éventail de domaines : coopération industrielle, minéraux verts, infrastructures, médecine traditionnelle, commerce culturel, innovation et entrepreneuriat des jeunes, etc. La surface totale d’exposition s’étend sur 100.000 m². À ce jour, 44 pays africains ont confirmé leur participation à l'événement. Ils installeront des stands spécialement aménagés pour présenter leurs innovations, ressources et produits phares. Du côté chinois, 23 provinces et municipalités participent à la foire pour exposer leurs secteurs compétitifs et la vitalité et la richesse de leur coopération avec l’Afrique. Deuxièmement, le niveau très relevé des participants. Parmi les exposants figurent des géants africains tels qu’Ethiopian Airlines et Kenya Airways, ainsi que des institutions financières de renom comme Standard Bank (Afrique du Sud) et First Bank of Nigeria. La présence des principales banques chinoises, notamment la Banque de Chine, la Banque agricole, ICBC, CCB, la Banque des communications et la Banque d'import-export, témoigne de la portée internationale de l’événement. Par ailleurs, les leaders chinois dans le domaine des équipements industriels, tels que Sany Heavy Industry et Zoomlion, seront également présents. Troisièmement, une approche sectorielle précise et ciblée. Cette édition est conçue pour mieux répondre aux besoins spécifiques des industries chinoises et africaines, met en avant des échanges stratégiques entre l’offre et la demande. Plusieurs zones thématiques inédites ont été créées, notamment autour des marques emblématiques de la coopération sino-africaine, des produits africains de qualité et l'industrie de la mode sino-africaine. Des entreprises chinoises influentes en Afrique, comme CRRC, Geely (Zhejiang) et Mengniu Dairy (Mongolie intérieure), présenteront leurs innovations technologiques ainsi que leurs solutions dans les secteurs des nouvelles énergies et des industries émergentes, illustrant leur dynamisme et leur rayonnement international. Il est aussi à noter que plus de 800 produits emblématiques de l'Afrique seront mis en avant lors de cet événement. Parmi eux, des sauces piquantes namibiennes, des bracelets en malachite du Kenya, des vins sud-africains, l'ananas ou le « Pain de Sucre » du Bénin, le savon noir ghanéen, des saphirs tanzaniens, des artisanats réalisés à partir d'œufs d'autruche d'Afrique du Sud, ainsi que des huiles essentielles et des œuvres peintes encadrées provenant du Congo (Brazzaville). Un aspect remarquable de cet événement est que l'entrée est gratuite pour le public, offrant ainsi à un large nombre de Chinois l'opportunité de découvrir les produits africains. Je me réjouis particulièrement de cette opportunité permettant à des échanges directs entre peuples chinois et africains. Car, les informations circulées sur les réseaux sociaux ne suffisent pas aux deux peuples pour avoir une compréhension correcte.

Quel regard portez-vous sur ce forum, Monsieur Adjovi ?

Héribert-Label Élisée Adjovi : La quatrième Exposition économique et commerciale de Changsha s’inscrit pleinement dans la dynamique des « Six Objectifs de modernisation » et des « Dix Actions de partenariat » annoncés par le Président Xi Jinping lors du 9ème Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC). A mon humble avis, la contribution de cette exposition à la modernisation sino-africaine se situe à cinq niveaux : l’industrialisation et le commerce, la facilitation des échanges, l’innovation et le développement durable, la formation et l’autonomisation ainsi que la connectivité et les infrastructures. Parlant de l’industrialisation et du commerce, l’exposition met en avant des secteurs clés comme l’agriculture, l’énergie, l’économie numérique et les infrastructures, qui sont des pilliers de la modernization africaine. S’agissant de la facilitation des échanges, en réunissant 2 800 entreprises et institutions financières ainsi que des représentants de 44 pays africains, elle favorise les investissements et le commerce bilatéraux, en droite ligne avec l’objectif de prospérité commerciale. En ce qui concerne l’innovation et le développement durable, l’événement encourage les technologies vertes, l’économie circulaire et les énergies propres, contribuant ainsi à la modernisation écologique. En termes de formation et d’autonomisation, des forums sur l’entrepreneuriat des jeunes et des échanges culturels sont prévus, en cohérence avec les actions visant à renforcer les compétences et l’éducation. Pour ce qui est de la connectivité et des infrastructures, l’exposition soutient les projets liés à l’Initiative « la Ceinture et la Route », qui vise à améliorer la connectivité terrestre et maritime entre la Chine et l’Afrique. De toute évidence, la quatrième Exposition économique et commerciale de Changsha est une plateforme stratégique qui traduit concrètement les engagements du FOCAC 2024, en accélérant la modernisation africaine et en consolidant le partenariat sino-africain.

Dans le contexte de la relation stratégique établie entre la Chine et les pays africains, ainsi que face aux récents développements en matière de politiques économiques et commerciales internationales, quels axes de coopération pourraient être envisagés pour renforcer les liens économiques et commerciaux sino-africains ? Quelles initiatives concrètes pourraient contribuer à la construction d'une Communauté d'avenir partagé Chine-Afrique, capable d'influencer positivement sur la dynamique mondiale ? Madame Ma !

Ma Jiaying : Vous avez posé une question très intéressante. Récemment, le Bureau de l'information du Conseil des Affaires d'État de la Chine a tenu une conférence de presse pour présenter la 4e Exposition économique et commerciale Chine-Afrique ainsi que la coopération économique et commerciale sino-africaine. Lors de cette conférence, le ministre assistant du Commerce, Tang Wenhong, a justement expliqué comment renforcer la coopération future entre la Chine et l'Afrique. Permettez-moi de citer ses propos pour répondre à votre question : Premièrement, l'innovation. La Chine est prête à maintenir des échanges étroits avec les pays africains dans les domaines des nouvelles technologies, des nouvelles énergies et des nouvelles industries, à soutenir le développement accéléré de l'industrie numérique en Afrique, à saisir les opportunités de développement numérique et intelligent, et à promouvoir la modernisation industrielle par la transformation technologique. Deuxièmement, le développement vert. La Chine continuera à fournir à l'Afrique des technologies et des produits dans le domaine des énergies nouvelles, à renforcer la composante écologique dans la production industrielle et agricole africaine, à soutenir la transition énergétique du continent et à améliorer ses capacités de développement durable et de résilience climatique. Troisièmement, la formation des talents. La Chine souhaite renforcer la coopération avec les pays africains dans l'enseignement professionnel, en construisant des instituts d'ingénierie et des ateliers Luban, afin d'aider les pays africains à former des professionnels dans les domaines de l'industrialisation et de la modernisation agricole.

Voici les pistes qu’on peut prendre en compte quand on regarde vers l’avenir. En retour, j’aimerais vous poser une question par rapport à l’avenir. A l’entame de cette interview croisée, j’ai évoqué le « vide intellectuel » aujourd’hui dans le monde. Pensez-vous que la Chine et l’Afrique peuvent travailler ensemble à combler ce vide et donner une nouvelle solution au monde ?

Héribert-Label Élisée Adjovi : En fait, la Chine et l’Afrique ont déjà commencé à combler le vide intellectuel mondial en renforçant leur coopération académique, culturelle et technologique. Concrètement, cette dynamique s’appuie sur cinq axes principaux : les échanges académiques et scientifiques, le développement technologique, la coopération économique et industrielle, l’influence médiatique et culturelle ainsi que la réforme des systèmes financiers et des organisations internationales. La coopération sino-africaine dans les échanges académiques et scientifiques s’articule autour des programmes de coopération permettant aux chercheurs chinois et africains de partager leurs connaissances et de développer des solutions adaptées aux enjeux contemporains, notamment dans les domaines de la science, de la médecine et des technologies vertes. Dans le développement technologique, cette coopération est matérialisée par l’investissement de la Chine dans des projets de transfert de technologies et de formation en Afrique. Dans le domaine économique et industrielle, elle prend en compte l’Initiative « la Ceinture et la Route » et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, favorisant l’industrialisation. Une approche différente de développement, basée sur des investissements en infrastructures, en éducation et en innovation. Quant à l’influence médiatique et culturelle comme un palliatif au vide intellectuel mondial, la Chine investit dans les médias africains, formant des journalistes et diffusant des contenus qui valorisent les perspectives africaines et chinoises sur les enjeux mondiaux. Qui plus est, le Forum des médias Chine-Afrique joue un rôle clé dans le renforcement des échanges médiatiques entre les deux partenaires. Lors de sa 6ème édition - qui s’est tenue à Beijing le 21 août 2024 -, les discussions ont porté sur la modernisation des médias, la coopération gagnant-gagnant et l’autonomisation numérique. Au sortir de ce forum, les deux parties ont convenu : 1. du Soutien à la modernisation : les médias et think tanks chinois et africains ont été appelés à diffuser les succès de la coopération sino-africaine et à offrir un soutien intellectuel au Sud global ; 2. de la Signature d’Accords : six Accords ont été conclus concernant la radio et la télévision et 20 projets de coopération ont été annoncés ; 3. et du Dialogue de haut niveau : plus de 500 représentants de gouvernements, médias et organisations internationales ont participé à cet événement. Enfin, l’ONU souligne l’importance du partenariat sino-africain pour réformer les structures financières internationales, soutenir le développement durable et donner plus de place au Sud global en général et à l’Afrique en particulier, dans les grandes enceintes internationales. Sans nul doute, ces efforts conjoints de la Chine et de l’Afrique visent à combler le vide intellectuel mondial et à proposer des solutions novatrices pour un avenir plus équilibré et prospère.

Ma Jiaying : Merci Monsieur Adjovi pour les éclaircissements enrichissants. Je me réjouis de notre conversation. Et comme l'a souligné le PDG de Standard Bank South Africa : « Alors que l'Occident bâtit des murs, la Chine et l'Afrique construisent des ponts ». Nous allons essayer de créer un pont, vous et moi, pour une meilleure compréhension de ce qui se passe dans le monde. Et j’espère que de plus en plus d'amis africains viendront en Chine pour divers événements comme cette exposition.

Héribert-Label Elisée Adjovi : Madame Ma, rassurez-vous, rien n’arrive au hasard ! Nous nous connaissons depuis 12 ans. 12 ans, c’est le temps de la stabilité, de l’établissement et de l’harmonie. Je suis tout autant ravi qu’honoré de construire avec vous, au fil des publications, le matériau pour construire ce pont magnifique qui rapproche davantage la Chine de l’Afrique, et offrir un modèle de solidarité agissante. Ceci, dans la dynamique de la construction de la communauté d’avenir partagé pour l’humanité, chère au Président Xi Jinping. A Changsha, la Chine-Afrique se raconte au présent. Historiens du présent, à travers ces lignes, vous et moi, nous la racontons aussi… du côté des deux rives. Merci à vous et bienvenue en Afrique et au Bénin, Mon Cher pays !