Conférence sur la modernisation à la chinoise à l’ENEAM à Cotonou : Héribert-Label Elisée Adjovi vante les mérites de la Chine face à la jeunesse béninoise

« Modernisation à la chinoise et FOCAC 2024 : Les six (6) leçons pour le développement de l’Afrique ». C’est le thème de la conférence-débat animée, le jeudi 12 juin 2025, par Héribert-Label Elisée Adjovi, Spécialiste des questions internationales et sino-africaines en faveur des étudiants de l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management, l’ENEAM. Objectif : raconter la modernisation à la chinoise pour nourrir la réflexion autour du choix de développement de l’Afrique.

Le jeudi 12 juin 2025 fut un jour marqué à Changsha, la capitale de la province chinoise du Hunan, parce qu’il fait référence à un double événement : la clôture de la Réunion ministérielle des Coordonnateurs du Forum sur la Coopération Sino-Africaine (FOCAC) - un mini-sommet qui réunit le Ministres des Affaires Etrangères et de l’Economie de la Chine et des 53 pays africains avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques -, et l’ouverture de la quatrième Exposition économique et commerciale sino-africaine. A la même date, cette fois-ci, à Cotonou au Bénin, et plus précisément à l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée et de Management, l’ENEAM, s’est tenue une conférence-débat sur le thème : « Modernisation à la chinoise et FOCAC 2024 : Les six (6) leçons pour le développement de l’Afrique ». Animée par Héribert-Mabel Elisée Adjovi, Journaliste-écrivain, Spécialiste des questions internationales et sino-africaines et Président du Caucus des Journalistes Africains du Sud Global, cette communication a vu la participation d’une cinquantaine d’étudiants et quelques personnalités, dont le Directeur de Cabinet, Théodore Gléssougbé et du Chargé de Missions, René Soton, du Maire de la Commune d’Abomey-Calavi au Bénin, Angelo Ahouandjinou. Pour le conférencier, l’Afrique a tout intérêt à revisiter le modèle chinois et l’adapter à ses réalités propres, pour produire le développement tant espéré et à chaque fois reporté à demain. Comprendre la modernisation à la chinoise, c’est d’abord savoir que la Chine a toujours fait le choix de sa voie de développement en toute indépendance. Elle ne s’est jamais pliée aux injonctions ou aux pressions extérieures. Raison pour laquelle, par exemple, elle a pu rompre avec l’ex-URSS, quitte à payer des dettes très lourdes avec des moyens très limités. Pour des raisons similaires, elle a refusé l’offre américaine de dominer le monde à deux, sous le nom de « Chimerica ». Depuis lors, Washington ne décolère pas. La géopolitique de la flambée des taxes douanières que tout le monde regrette actuellement en est une parfaite illustration. Ceci dans la logique du « Consensus de Washington » auquel la plupart des pays africains ont été contraints d’adhérer au début des années 1990, avec son corollaire de Programme d’ajustement structurel, le PAS, un programme qui semble avoir été conçu pour appauvrir les pays africains et les tenir en laisse. Fort de sa relation privilégiée avec la Chine à travers le FOCAC, l’Afrique doit également librement choisir sa voie de développement. Comprendre la modernisation à la chinoise, c’est savoir ensuite que la Chine a toujours fait le choix d’utiliser l’ouverture comme un moyen pour forcer la réforme. Car, la réforme est un mécanisme de promotion du développement, d’accélération de la libéralisation du marché, tout en contrôlant le rythme. C’est pour cela, que la Chine a procédé à plusieurs tours d’ouverture. Chaque fois, les mesures de l’ouverture servent à renforcer la concurrence sur le marché intérieur et à forcer les agents économiques à renforcer leur compétitivité. Un processus renforcé avec l’avènement du Président XI Jinping et l’ « Initiative la Ceinture et la Route », qui intègre, à ce jour, plus de 150 pays et 30 organisations internationales. Le développement économique de la Chine au cours des 40 dernières années ainsi que sa deuxième place mondiale n’auraient pas été possibles sans les politiques méthodiques et successives d’ouverture et de réformes. A leur tour, les pays Africains se doivent de rechercher leur propre voie de restructuration économique en allant à l’école des 48 années de politique d’ouverture et des réformes de la Chine. Cela ramène à l’éternelle question de la réelle souveraineté économique du continent noir, en veillant à tirer leçon de l’expérience chinoise réussie, pour stopper la politique des espoirs déçus pratiquée en Afrique depuis maintenant soixante-six ans.

Comprendre la modernisation à la chinoise, c’est aussi savoir qu’au cours de cette période de développement rapide, la Chine a essayé de former un corps professionnel de gestion de l’administration publique. C’est le système de la « méritocratie ». Par ce système, la Chine a formé un grand nombre de gestionnaires publics très compétents. Le point de départ de ce processus de sélection est Gaokao, l’abréviation chinoise du « Concours national unifié de recrutement de l’enseignement supérieur général ». Il a lieu les 7 et 8 juin de chaque année, simultanément dans toute la Chine. Selon les notes obtenues, les élèves sont reçus dans des établissements d’enseignement supérieur plus ou moins prestigieux et sont appelés à occuper des positions sociales plus ou moins élevées. Créé au début de la République Populaire de Chine en 1952, le Gaokao a connu de multiples réformes qui lui ont permis de s’adapter au renouvellement des conditions sociales ainsi qu’aux contestations dont il a été l’objet. Il reste aujourd’hui, 73 ans après sa création, la forme de sélection la moins injuste dans la société chinoise. Une pratique qui remonte à bien loin dans l’histoire de la Chine, avec un célèbre précurseur… Confucius ! Vu l’expertise reconnue à la Chine dans la gestion de la carrière de ses cadres à divers niveaux, la coopération sino-africaine visant la formation des talents a tout intérêt à s’étendre à la méritocratie. Là encore, il ne s’agit pas de faire du copier-coller. Il faut plutôt partir du principe qu’à chances égales, il faut donner la priorité à ceux qui sont les plus méritants, en occultant pas la question de la moralité, de la probité et de l’intégrité intellectuelle. Comprendre la modernisation à la chinoise, c’est en outre savoir que la Chine n’a pas été persuadée par les Occidentaux d’appliquer ce qu’on appelle la « thérapie de choc ». A l’origine, la Chine a failli appliquer le mouvement destructeur de la « thérapie de choc », en supprimant prématurément les contrôles essentiels des prix au cours de la première décennie critique de la réforme (1978-1988). Mais, elle s’est finalement abstenue. Au lieu de libéraliser tous les prix d’un seul coup, l’Etat chinois a d’abord continué à planifier le noyau industriel de l’économie et à fixer les prix des biens essentiels, tandis que les prix de la production excédentaire et des biens non essentiels étaient successivement libéralisés. En conséquence, les prix ont été progressivement déterminés par le marché. Il faut noter que l’effondrement économique de la Fédération de Russie en 1995, consécutive à l’application de la « thérapie de choc » des Occidentaux, a conforté la Chine dans son choix de la prudence. 24 ans après le lancement du FOCAC, les pays africains doivent davantage travailler sur les mécanismes à même de leur permettre de bénéficier de l’expérience de la Chine pour sortir du piège de la « thérapie de choc ». A ce propos, les trois précédentes leçons tirées de la modernisation à la chinoise sont toujours d’actualité.

Comprendre la modernisation à la chinoise, c’est savoir, par ailleurs, que la Chine pense qu’il faut des entreprises de toutes sortes dans une économie de marché. Contrairement à ce que préconisent les Occidentaux en général, les Américains en particulier, qui disent qu’il faut seulement avoir des entreprises privées dans une économie de marché. En fait, chaque entreprise a son rôle à jouer dans une économie de marché. La Chine a des entreprises publiques, des entreprises mixtes (c’est-à-dire des entreprises de joint-ventures, avec des participations d’entreprises étrangères), des entreprises coopératives, des entreprises privées, etc. Toutes ces entreprises ont un rôle à jouer dans une économie de marché. C’est pour cette raison que le marché chinois est devenu très résiliant, peut résister aux effets pervers de la guerre de taxes douanières américaines actuelles, avec une croissance annoncée d’environ 5% pour 2025. Un objectif identique à celui de l’an dernier et anticipé par les spécialistes, la création de 12 millions d’emplois urbains ainsi qu’une inflation de 2%. Les pays africains doivent prenant exemple sur la Chine pour réguler au mieux les activités des entreprises au profit de leur peuple et non des grandes firmes internationales et les puissances d’argent. De toute évidence, il importe de renforcer la présence de l’Etat là où cela s’avère nécessaire (que ce soit sur les questions de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’électricité, des logements sociaux, de subvention à la production agricole, de fixation et de contrôle des prix des produits de première nécessité, etc.) Il faut renforcer le contrôle de l’Etat là où c’est nécessaire (banques, assurances, etc.) et veiller à la régulation du marché là où cela suffit. Enfin, comprendre la modernisation à la chinoise, implique le fait que la Chine veut aussi aider les autres pays à se développer plus rapidement. Ceci sur une base de partenariat, c’est-à-dire sur une base de coopération d’égal à égal, gagnant gagnant. Cette perception de la vie et des rapports humains tire sa source dans la civilisation plurimillénaire chinoise et dans la conception confucéenne qui veut que, « pour qu’un homme s’enrichisse, il faut qu’il pense d’abord à comment ses affaires pourraient rendre les autres personnes autour de lui heureuses et prospères. » Autrement dit, sans l’esprit de la communauté, l’individu ne peut pas réussir. La modernisation à la chinoise est donc caractérisée par un équilibre entre l’individu et la société, entre l’homme et la nature, entre la nation et la communauté internationale. A la fin, ce sera l’harmonie suprême, un objectif cherché déjà par Confucius. La coopération sino-africaine illustre parfaitement cette volonté de la Chine à tirer les autres acteurs de la scène internationale vers le haut. Si tout au long de son processus de modernisation, la Chine ne s’est jamais écartée de sa volonté clairement affichée et promue par le Président Xi Jinping de construire une communauté d’avenir partagé pour l’humanité, l’Afrique, « Berceau de l’humanité », doit tirer leçon de l’expérience chinoise et renforcer ses ensembles sous régionaux en développant des projets intégrateurs, pour, in fine, jouer pleinement son rôle de « Berceau », pour la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité.

Les étudiants de l’ENEAM ont eu l’occasion de poser des questions relatives au développement de la Chine et à comment l’Afrique en général et le Bénin en particulier, pourrait davantage bénéficier de l’expertise chinoise pour accélérer son développement. Théodore Gléssougbé, Directeur de Cabinet du Maire d’Abomey, franchement revenu de la Chine, a saisi l’occasion, au nom du Maire Angelo Ahouandjinou, pour saluer les étudiants et les inviter au travail bien fait, donner son témoignage et appuyer les pistes de réflexion proposées par le conférencier, Héribert-Label Elisée Adjovi, pour qui, « lorsque le soleil de l’Afrique brillera sur le toit u monde, la paix et la sécurité internationale auront un sens ». Car, comme le dirait le Président Xi Jinping, « l’Afrique est une terre prometteuse du 21ème siècle » et « sa modernisation est essentielle à la modernisation mondiale ». « Le Forum sur la Coopération Sino-Africaine, le FOCAC, 25 ans après, est un modèle réussi de partenariat Sud-Sud et un repère dans la reformulation des politiques de coopération des autres partenaires au développement de l’Afrique. Le modèle chinois offre une opportunité exceptionnelle au continent africain pour gagner la bataille du développement et reprendre toute sa place dans le Concert des Nations », conclut Héribert-Label Elisée Adjovi.