Cinquante experts africains — professeurs d’université, directeurs d’instituts de recherche et présidents de think tanks — ont participé au séminaire sur la “Modernisation à la chinoise et le développement de l’Afrique”, tenu du 17 au 24 juillet 2024 dans la province du Shaanxi, en Chine. De retour dans leurs pays respectifs, certains ont accepté de répondre à nos “Trois questions aux participants du séminaire de Xi’an”. Aujourd’hui, nous accueillons le point de vue de la représentante du Mozambique, la Professeure Tufária Mussá.
Bonjour Professeure Tufária Mussá, vous étiez la déléguée du Mozambique au séminaire de Xi’an sur la « Modernisation à la chinoise et le développement de l’Afrique ». Pourriez-vous vous présenter et partager vos impressions à l’issue de cet événement majeur, centré sur la mise en œuvre des six objectifs clés et des dix actions stratégiques de partenariat sino-africain ? Bonjour Élisée Héribert-Label Adjovi. Je m’appelle Tufária Mussá. Je suis enseignante à la Faculté de Médecine de l’Université Eduardo Mondlane à Maputo, au Mozambique. J’ai une formation académique en médecine vétérinaire, avec un master et un doctorat en immunologie. Je parle portugais, espagnol et anglais. Le séminaire de Xi’an a été une expérience très enrichissante, qui m’a permis d’ouvrir mon esprit à la culture chinoise, à sa résilience, à sa politique et à son modèle de développement. Il m’a également donné l’opportunité de rencontrer mes frères et sœurs africains, et de comprendre que nous faisons face à des défis similaires dans nos pays. Par conséquent, nous devons nous unir en tant qu’Africains et travailler intensément sur plusieurs dimensions pour atteindre un niveau de modernisation, qu’il soit oriental ou occidental.
Quelles propositions formulez-vous pour une coopération sino-africaine plus proche des populations, du point de vue du Mozambique ? Le Mozambique est confronté à l’insécurité alimentaire, en partie à cause du changement climatique, du manque de modernisation et de l’absence d’incitations à l’agriculture. Ce manque de nourriture affecte la santé, le travail, l’économie, l’éducation et, en fin de compte, le développement du pays. Je pense que la coopération avec la Chine devrait être renforcée dans le secteur agricole, notamment par le transfert de technologies et la formation des Africains. L’Afrique est une mine d’or pour l’agriculture, et cet avantage comparatif devrait être exploité et défendu pour le bénéfice des Africains.
Quel est votre avis sur l’initiative du Groupe de Réflexion de Xi’an pour le suivi du séminaire ? Le Groupe de Réflexion de Xi’an est une bonne idée. Cependant, pour avoir un impact réel sur les décideurs, je pense que nous devrions préparer une sorte de note de politique ou un document (issu des réflexions sur les différents aspects du développement et de la culture) à partager avec les membres représentants ou le secrétariat du FOCAC. Car, bien que nous puissions faire entendre nos voix et contribuer à la coopération sino-africaine, les décisions sont prises à un autre niveau.
Interview réalisée par Héribert-Label Élisée ADJOVI / Envoyé spécial à Xi'an