Cinquante experts africains (Professeurs d’Universités, Directeurs d’instituts de recherche, Présidents de think tanks, etc.) ont participé au séminaire sur "La modernisation à la chinoise et le développement de l’Afrique", tenu du 17 au 24 juillet 2024 dans la province du Shaanxi, en Chine. De retour dans leurs pays respectifs, certains ont accepté de répondre à notre rubrique « Trois questions aux participants du séminaire de Xi’an ». Aujourd’hui, nous sommes avec le Représentant de la République Démocratique du Congo, Monsieur François Layinga Katete.
Bonjour Monsieur François Layinga Katete, vous êtes le Représentant de la République Démocratique du Congo au séminaire de Xi'an sur "La modernisation à la chinoise et le développement de l'Afrique". Présentez-vous et dites-nous, quelles sont vos impressions au sortir de ce grand rendez-vous de mise en œuvre des six Objectifs de modernisation et des dix Actions de partenariat stratégique entre la Chine et l'Afrique ? Je suis François Layinga Katete, Chercheur au Centre d'Etudes Stratégiques et de Sécurité Internationale (CESSI), Doctorant et Chef de Travaux à l'Université Pédagogique Nationale (UPN) de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Concernant le séminaire de Xi'an, je suis heureux, parce que j'en ai tiré beaucoup de leçons. En effet, ces assises nous ont permis de comprendre le rôle majeur de l'agriculture, mais surtout de l'innovation technologique dans le développement agricole et par voie de conséquence, dans le développement d'un État. En cela la modernisation à la Chinoise est le fruit des efforts: du gouvernement sous la bannière du Parti communiste chinois, du changement de mentalité de la population consciente des enjeux et investis au quotidien dans l'œuvre de l'édification d'une Chine moderne et prospère et des progrès technologiques. La politique du gouvernement est d'encourager et de guider la population à la création de Coopératives. C'est ce genre de gouvernement que je qualifie de gouvernement de développement. Car, les politiques publiques doivent être orientées vers le développement, pour ne pas dire l'amélioration des conditions de vie de toutes les populations du pays. En même temps, ces populations sont associées directement à la gestion publique par leurs représentants qualifiés et non cooptés. C'est ce modèle de gouvernance que les gouvernements des pays africains doivent s'inspirer. Il est possible que nous arrivions à ce stade, il suffit que nous puissions sortir des logiques politiciennes et claniques pour entrer dans une démarche de construction de nos Nations. Une dynamique de coopération humaine fondée sur la confiance, le respect et l'intelligence collective. Le séminaire de Xi'an a permis de réveiller notre conscience sur les capacités intellectuelles de se réunir pour booster le développement de l'Afrique et de nos pays respectifs. C'est un moment des grands enjeux qui restera inoubliable.
Quelles propositions avez-vous pour une coopération sino-africaine plus proche des peuples, vue du Congo ? Il est évident qu'aujourd'hui, aucun État au monde ne peut vivre en autarcie et se développer sans s'ouvrir aux autres. La Chine est justement ce partenaire dont la RDC a besoin pour son développement. Car, son modèle nous inspire. Pour le cas de la RDC, nous saluons, dans le domaine de l'énergie, l'installation des infrastructures pour l'approvisionnement des campagnes en eau et en électricité par des sociétés chinoises. Mais, la Chine peut faire mieux dans l'arrière-pays de la RDC, en aidant à l'émergence de pôles économiques, en procédant au transfert des connaissances et de la technologie. Cela pourra favoriser l'autonomie économique et financière, notamment de la jeunesse. Les entreprises chinoises deviendront ainsi des moteurs de développement partout où elles s'installent en RDC. La Chine pourrait également faire en sorte que les chercheurs, médecins, pêcheurs chinois partagent leurs expériences dans le cadre de la coopération Sud-Sud avec leurs collègues congolais.
Que pensez-vous de l'initiative du Groupe de réflexion de Xi'an pour un suivi du séminaire de Xi'an ? L'initiative du Groupe de Réflexion de Xi'an reste cet outil qui nous unit davantage et permet le suivi des six Objectifs principaux de modernisation et des dix Actions de partenariat stratégique entre la Chine et l'Afrique. l'Afrique est ce continent constitué d'une population jeune qui a besoin d'un bon accompagnement pour son développement. Les participants aux assises de Xi'an sont pour la plupart des jeunes. Raison pour laquelle ce groupe doit être soutenu et porté par tous. C'est cette flamme que nous devons entretenir. En résumé, la modernisation à la Chinoise reste un modèle à suivre pour le développement de l'Afrique en général et de la République Démocratique du Congo en particulier. Je vous remercie.
Interview réalisée par Héribert-Label Élisée ADJOVI / Envoyé spécial à Xi'an