Cinquante experts africains (Professeurs d’Universités, Directeurs d’instituts de recherche, Présidents de think tanks, etc.) ont participé au séminaire sur "La modernisation à la chinoise et le développement de l’Afrique", tenu du 17 au 24 juillet 2024 dans la province du Shaanxi, en Chine. De retour dans leurs pays respectifs, certains ont accepté de répondre à notre rubrique « Trois questions aux participants du séminaire de Xi’an ». Aujourd’hui, nous sommes avec le Représentant du Cameroun, le Professeur d'Économie, Bruno Emmanuel Ongo Nkoa.
Bonjour Professeur Bruno Emmanuel Ongo Nkoa, vous êtes le Représentant du Cameroun au séminaire de Xi'an sur "La Modernisation à la chinoise et le développement de l'Afrique". Présentez-vous et dites-nous, quelles sont vos impressions au sortir de ce grand rendez-vous de mise en œuvre des six objectifs principaux et des dix Actions de partenariat stratégique entre la Chine et l'Afrique ? Merci de cette occasion que vous m’offrez pour revenir sur ce séminaire de haut niveau qui s’est tenu en Chine dans la Province du Shaanxi et plus précisément dans les villes de Yangling et de Xi'an, la capitale provinciale et Berceau de la civilisation chinoise. Je suis Bruno Emmanuel Ongo Nkoa, Professeur d’Economie à l’Université de Yaoundé 2 au Cameroun. J’ai été le mandataire de la voix du Cameroun à ce grand séminaire. Il faut dire que ce séminaire fait suite à la tenue du 9ème sommet Chine-Afrique tenu les 4, 5 et 6 Septembre 2024 à Beijing. Ce sommet avait pour thème « Travailler ensemble à promouvoir la modernisation et à construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau ». C’est pour implémenter les recommandations stratégiques de ce sommet que le Séminaire de Xi’an s’est tenu avec pour thème : « La Modernisation à la Chinoise et le Développement de l’Afrique ». Mes impressions à l’issue de ces travaux auxquels participaient 50 mandataires de pays africains, sont bonnes, satisfaisantes et encourageantes. Sur le double plan de l’agriculture et de la technologie, nous avons pu réaliser les prouesses de la Chine et comment elle a su garder sa culture pour construire un idéal de paix, de bonheur, de progrès dans bien des domaines. Ce séminaire est venu renforcer la vision du Cameroun vis-à-vis de la Chine portée par le Président de la République du Cameroun, Son Excellence Monsieur Paul Biya : la lutte contre le terrorisme et le soutien de la Chine contre la secte islamiste Boko Haram les accords de fonds d’aide et don sans contrepartie de la partie chinoise de plusieurs centaines de milliards ; le financement de la 2è phase du projet d’approvisionnement en eau potable dans neuf villes du Cameroun ; le protocole d’accord sur le renforcement de la coopération dans le domaine des infrastructures ; l’accord sur l’amélioration des capacités de production industrielle ; et le mémorandum d’entente sur le renforcement des ressources humaines.
Quelles propositions avez-vous pour une coopération sino-africaine plus proche des peuples, vue du Cameroun ? Le Cameroun et la Chine entretiennent des relations diplomatiques depuis le 26 Mars 1971. Une date qui marque leur coopération très diversifiée dans les domaines économique, culturel, politique, de défense, agricole, sanitaire, entre autres. Cette coopération est marquée par les nombreuses visites des deux Chefs d’Etat. Le Président de la République du Cameroun a déjà effectué 7 visites en Chine. Plusieurs propositions peuvent être formulées pour renforcer la coopération Chine-Afrique vue du Cameroun. Les domaines de coopération entre la Chine et le Cameroun dans le domaine agricole peuvent porter sur la mécanisation ou la modernisation des outils de production agricole ; le renforcement de la formation des jeunes et l’intensification du commerce entre les deux parties, surtout en matière agricole. Ces secteurs présentent plusieurs besoins. Entre autres, on peut citer : la formation des jeunes et l’éducation dans la production agricole et la transformation agricole ; la création des startups dans l’innovation des outils modernes de production agricole ; l’élevage de la volaille et l’établissement d’une chaine de valeur de la volaille ; la construction d’une chaine de valeur du poisson et du maïs ; la construction de procédés nouveaux dans le conditionnement des produits agricoles ; l’expérimentation des produits agricoles nouveaux comme le Kiwi, les framboises, la fraise et autres ; et la production des semences améliorées à grande productivité.
Que pensez-vous de l'initiative du Groupe de réflexion de Xi'an pour un suivi du séminaire de Xi'an ? Cette initiative née du séminaire de Xi’an est idoine dans la mesure où plusieurs séminaires comme ceux-ci ont été tenus, mais rien de durable ne s’est construit. Je crois qu’au regard de l’adhésion massive des participants, nous sommes sûrs que l’initiative a de beaux jours devant elle. Je crois que quatre objectifs peuvent lui être assignés, au regard du dynamisme et de l’enthousiasme que suscite l'évolution économique de la Chine de la part des Africains en général et des Camerounais en particulier : un lieu d’échanges et de partage d’expériences de terrain et d’information ; une facilitation dans le domaine du renforcement des capacités entre Africains ; une conduite des études et projets dans nos pays respectifs ; et un cadre de renforcement de la coopération entre les deux entités. Je vous remercie.
Interview réalisée par Héribert-Label Élisée ADJOVI / Envoyé spécial à Xi'an