L'OCS : Un modèle inspirant pour l'Afrique

(Note de l'éditeur : Cet article représente le point de vue de l'auteur Héribert-Label Elisée ADJOVI et pas nécessairement celui de CGTN.)

Le Sommet 2025 de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) se tiendra du 31 août au 1er septembre à Tianjin, dans le nord de la Chine. L'Esprit de Shanghai est un concept de relations internationales conjointement promu par les États membres de l'OCS. Il prône "la confiance mutuelle, le bénéfice mutuel, l'égalité, la consultation, le respect de la diversité des civilisations et la poursuite d'un développement commun". Dans une interview accordée à CGTN Français, Héribert-Label Elisée ADJOVI, président du Groupe de Xi'an pour la Coopération et le Développement sino-africain, a interprété l'Esprit de Shanghai du point de vue de la coopération en matière de sécurité, de l'intégration économique, du développement vert et de la gouvernance mondiale, et a exploré comment les pays africains peuvent s'inspirer de l'expérience de l'OCS pour promouvoir le développement régional et promouvoir conjointement la construction d'une communauté de destin pour l'humanité. Selon lui, l'OCS propose une approche fondée sur la non-ingérence, la souveraineté et la coopération pragmatique. Ce paradigme attire de plus en plus les pays du Sud global, en quête de partenariats équilibrés et respectueux de leurs priorités nationales. Une collaboration Afrique-OCS serait salutaire pour une gouvernance mondiale plus inclusive.

Le Sommet de Tianjin, prévu pour l'automne 2025, marque une nouvelle phase de développement durable pour l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) avec un accent particulier sur les énergies renouvelables, la restauration écologique et la gestion transfrontalière de l'eau. Une bonne occasion pour tirer les enseignements écologiques de l'OCS et les pistes concrètes pour renforcer la coopération sino-africaine dans ce domaine.

Dans le domaine des énergies renouvelables, l'OCS a mis en place une coopération entre les pays membres dans le solaire, l'éolien et l'hydroélectricité, avec des transferts technologiques et des financements conjoints. Partant de ce modèle, l'Afrique pourrait intégrer ces modèles dans les plans nationaux de transition énergétique pour développer des parcs solaires régionaux et des réseaux intelligents.

En ce qui concerne la restauration écologique, l'OCS a établi des Programmes de reforestation transfrontalière et de lutte contre la désertification. Nous pouvons donner comme exemple, le projet Chine-Kazakhstan dans la zone aride du Xinjiang. À ce niveau, l'Afrique pourrait renforcer l'Initiative de la "Grande Muraille verte", en créant des corridors écologiques régionaux.

Au regard des six propositions de modernisation et des dix Actions de partenariat entre la Chine et les 53 pays africains avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques, il serait judicieux que les deux parties institutionnalisent leur coopération en matière d'économie verte. Ceci, en créant un Forum sino-africain pour l'Écologie transnationale, adossé au Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC), avec des groupes de travail sur les énergies renouvelables, la biodiversité et la conservation ainsi que la gestion des ressources naturelles.

Aussi, le principe sacro-saint du respect de la souveraineté et la non-ingérence est-il un facteur important de stabilité et d'intégration régionale. À ce propos, l'Organisation de Coopération de Shanghai insiste sur le respect de la souveraineté nationale, tout en promouvant la coopération régionale. S'inspirant de ce modèle, le continent africain pourrait bâtir une solidarité continentale fondée sur la confiance, en évitant les ingérences tout en favorisant l'action collective.

Par ailleurs, le renforcement de la solidarité africaine passe par le partage des responsabilités internationales et l'institutionnalisation du multilatéralisme africain. En ce qui concerne le partage des responsabilités internationales, l'Afrique pourrait utiliser des plateformes comme le Forum sur la Coopération sino-africaine (FOCAC) et l'Organisation des Nations unies (ONU), pour promouvoir une répartition plus équitable des responsabilités dans la gouvernance mondiale.

Enfin, concernant l'institutionnalisation du multilatéralisme africain, l'OCS est aussi inspirante pour l'Afrique. Elle fonctionne sur la base de sommets réguliers, de groupes de travail thématiques et de plateformes d'échange. À son tour, l'UA pourrait donc renforcer ses mécanismes de concertation régionale en s'appuyant sur des forums thématiques permanents (sécurité, économie, diplomatie culturelle), avec des mandats clairs et des résultats mesurables.

Mesures concrètes de l'OCS, miroir de l'intégration régionale africaine

Pour renforcer son intégration régionale et réduire sa dépendance aux routes occidentales, l'Organisation de Coopération de Shanghai a mis en place plusieurs corridors économiques et plateformes douanières intégrées. Il s'agit des corridors multimodaux (Chine-Kazakhstan-Russie), avec des hubs logistiques et des zones franches ainsi que des guichets uniques douaniers visant l'harmonisation des procédures douanières pour fluidifier le transit des marchandises. S'inspirant de ce modèle, la ZLECAF pourrait accélérer la mise en place de guichets uniques régionaux, interconnectés via des plateformes numériques, pour réduire les délais et coûts de transit.

Pour catalyser une nouvelle dynamique d'intégration économique, de souveraineté industrielle et de connectivité régionale, l'OCS favorise des zones industrielles transfrontalières. Il s'agit des clusters industriels régionaux visant le partage des capacités de production, le transfert technologique et la spécialisation territoriale. Des banques de développement régionales visant le financement ciblé pour les infrastructures productives. Tirant l'exemple du modèle de l'OCS, l'Afrique pourrait expérimenter la création de Zones économiques spéciales régionales (ZESR) alignées sur les chaînes de valeur intra-africaines, avec appui des banques africaines de développement.

L'autre solution complémentaire pour impulser l'intégration économique régionale en Afrique, c'est l'alignement stratégique des projets sino-africains comme "La Ceinture et la Route" avec la ZLECAF. En la matière, les corridors africains (LAPSSET, Abidjan-Lagos, Transmaghrébin) doivent être intégrés aux priorités de la ZLECAF. Pour plus d'efficacité, l'Afrique a tout intérêt à créer des comités de coordination ZLECAF-BRI pour harmoniser les investissements logistiques et industriels.

En termes de structuration des chaînes de valeur régionales, l'approche OCS s'appuie sur le développement de chaînes régionales dans l'agro-industrie, les matériaux de construction et les technologies. De son côté, l'Afrique pourrait identifier les nœuds industriels stratégiques (Par exemple, la transformation agricole au Sahel, le textile en Afrique de l'Est, etc.) et déployer des zones de transformation intégrées avec infrastructures, formation et accès au marché régional.

S'agissant des plateformes douanières intégrées, l'OCS met l'accent sur l'utilisation de plateformes numériques pour la traçabilité des flux commerciaux. Dans cette dynamique, l'Afrique pourrait développer des systèmes numériques interconnectés pour la traçabilité des produits, la certification d'origine et la facilitation des échanges.

L'Esprit de Shanghai : Une alternative aux modèles occidentaux

L'Esprit de Shanghai repose sur cinq principes fondateurs : la confiance mutuelle, les bénéfices partagés, l'égalité entre les États, le respect de la diversité culturelle et le développement commun. Contrairement aux modèles occidentaux souvent perçus comme hiérarchiques ou interventionnistes, l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) propose une approche fondée sur la non-ingérence, la souveraineté et la coopération pragmatique. Ce paradigme attire de plus en plus les pays du Sud global, en quête de partenariats équilibrés et respectueux de leurs priorités nationales. Une collaboration Afrique-OCS serait salutaire pour une gouvernance mondiale plus inclusive.

La collaboration souhaitable et nécessaire entre l'Afrique et l'Organisation de Coopération de Shanghai pourrait servir à la valorisation des modèles alternatifs. Ceci passe par la promotion de l'Esprit de Shanghai comme alternative aux normes occidentales, en mettant en avant le respect des trajectoires nationales, la coopération sans conditionnalité politique et la diversité des modèles de développement. (Photo : VCG)

Les liens pour accéder à l'article sur les plateformes de CGTN :

https://francais.cgtn.com/news/2025-08-27/1960585919650377729/index.html https://www.facebook.com/CGTNFrancais/posts/pfbid02oj867iTHAZTaghgxn5g3YrYNaHA98u99Kp7hBkoxv89bEReT4423g3ABmvHYETF8l https://x.com/CGTNFrancais/status/1960588078650941563 https://cdn.scoopernews.com/static/half/detail/13360/66796132.html?ad=2&without_head=1&fluid=0&without_relate=1&app=1&_t=1756275272695