Auteure : Xu Li - Présentatrice à CGTN-Français
Cette année marque le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l'agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste. C'est dans ce contexte que la Première ministre japonaise Sanae Takaichi a déclaré qu'une « situation d’urgence à Taïwan » pourrait constituer une « menace pour la survie » du Japon, lui permettant d'exercer son droit de légitime défense collective. Ces propos suggèrent une possible intervention militaire du Japon dans le détroit de Taïwan.
La Chine a réagi sans délai et sur plusieurs fronts, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Défense et le Bureau des affaires de Taïwan du Conseil des Affaires d'État ayant tous pris position à ce sujet. Les avertissements sont passés d'un appel initial exhortant la partie japonaise « à cesser immédiatement d'interférer dans les affaires intérieures de la Chine » à une mise en garde ferme : ne pas s’engager davantage sur la mauvaise voie « sinon, toutes les conséquences devront être assumées par le Japon ».
Pourquoi une telle colère de la part de la Chine ?
Premièrement, sur le plan émotionnel, les déclarations de la Première ministre Sanae Takaichi ont profondément blessé les sentiments du peuple chinois. En tant que victime de la guerre, la Chine a une perception plus aiguë et éprouve une douleur profonde à l'occasion du 80e anniversaire de la victoire, tandis que le Japon, en tant qu'agresseur, se doit de faire preuve de prudence et de retenue.
Or, loin de toute introspection, les forces de droite japonaises ont non seulement multiplié les visites au sanctuaire de Yasukuni, falsifié l'histoire et embelli l'agression, mais ont aussi tenu des propos provocateurs sur la question de Taïwan. L'absurdité de ce comportement est comparable à un scénario où l'Allemagne, lors de la Journée commémorative de l'Holocauste, déclarerait publiquement son intention de violer à nouveau la souveraineté territoriale de la Pologne.
Deuxièmement, d'un point de vue juridique, Taïwan appartient à la Chine, un statut confirmé par l'histoire et le droit, rendant toute ingérence japonaise inacceptable. Des documents de droit international datant de plus de 80 ans, tels que la Déclaration du Caire, la Déclaration de Potsdam et l'Acte de capitulation du Japon, ont clairement établi la position juridique de Taïwan. En substance, ces textes affirment deux points : la Chine détient la souveraineté sur Taïwan, et le Japon doit restituer à la Chine le territoire de Taïwan qu'il a volé.
Troisièmement, concernant les relations bilatérales, les remarques erronées de Takaichi constituent une destruction malveillante du principe d'une seule Chine et de l'amitié sino-japonaise.
Compte tenu de la dette de sang contractée par le Japon envers la Chine, l'établissement de leurs relations diplomatiques relevait du défi. Leur pérennité malgré les turbulences tient aux quatre documents politiques qui en forment la clé de voûte.
1972 : Déclaration conjointe du gouvernement de la République populaire de Chine et du gouvernement du Japon. Le Japon y a reconnu que le gouvernement de la RPC est le seul gouvernement légal de la Chine et a déclaré qu'il « comprenait et respectait pleinement » la position du gouvernement chinois selon laquelle « Taïwan est une partie inaliénable du territoire de la République populaire de Chine ». Ce document a ouvert la voie à la normalisation des relations.
1978 : Traité de paix et d'amitié entre la Chine et le Japon. Il a réaffirmé la Déclaration conjointe comme la pierre angulaire des relations bilatérales, stipulant que « les divers principes énoncés dans la Déclaration conjointe devront être strictement respectés ».
1998 : Déclaration conjointe entre la Chine et le Japon sur l'établissement d'un partenariat d'amitié et de coopération pour la paix et le développement. La partie japonaise a réitéré son adhésion au principe d'une seule Chine et sa position établie sur Taïwan.
2008 : Communiqué conjoint entre la Chine et le Japon sur la promotion complète de relations stratégiques et mutuellement bénéfiques. Signée à Tokyo, elle a solennellement proclamé que la Déclaration conjointe de 1972, le Traité de paix et d'amitié de 1978 et la Déclaration conjointe de 1998 constituent un gage de stabilité pour les relations sino-japonaises, les deux parties se considérant comme « partenaires de coopération et ne constituant pas une menace l'une pour l'autre ».
En conséquence, le gouvernement et le peuple chinois ressentent un profond sentiment d’indignation. Face aux propos de Sanae Takaichi, tous les amoureux de la paix sont en droit de se demander : le Japon a-t-il totalement oublié les leçons de l'histoire d'après-guerre? Cherche-t-il à reprendre la vieille voie du militarisme agressif? Les actions de réarmement du Japon cachent-elles une ambition stratégique excessive? Nous attendons du gouvernement japonais une réponse à la hauteur de ses responsabilités.